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La Défense : de nombreuses exigences
Verdir un réseau de chauffage urbain comme celui de La Défense c’est tout d’abord faire face à de nombreuses exigences liées à la densité urbaine, à l’acheminement des ressources, à la forte demande d’énergie, aux coûts, etc. À l’étude depuis 10 ans, le projet a donc très vite écarté certaines pistes pourtant séduisantes à première vue.
À commencer par la géothermie car il aurait fallu creuser 5 puits de 15 millions d’euros chacun, libérer 25 000 m2 d’emprise au sol et remplacer 10 km de canalisations, ainsi que quelques 200 sous-stations pour un budget de 58 millions d’euros. Dans un quartier aussi dense et actif que La Défense, s’engager dans des travaux aussi lourds pendant 10 ans n’était pas envisageable.
La deuxième solution aurait été de déménager la centrale en périphérie. Mais cela impliquait d’augmenter la distance en canalisations et donc de s’exposer à des pertes de chaleur. De plus, un tel projet aurait nécessité de trouver un nouvel emplacement pour la centrale, ce qui aurait été difficile.
GENERIA a donc retenu une troisième solution qui consiste à remplacer le gaz et le fioul par un combustible inédit, les agro-pellets, produits à partir de coproduits agricoles.
Un projet aux nombreux bienfaits qui nécessitera d’investir plus de 20 millions d’euros.

Verbatim

« La chaleur représente la moitié de l’énergie que nous consommons et l’Ile-de-France, 1/4 de cette chaleur. Pour la fournir, nous n’utilisons aujourd’hui qu’à peine 20 % d’énergies renouvelables. L’objectif est de monter à 38 % en 2023. C’est pour atteindre cet objectif que le Fonds chaleur* passe de 307 millions € en 2019 à 350 millions dès 2020. Une partie** de ce fonds devrait financer le futur réseau vert de GENERIA. C’est un projet inédit, par la puissance installée comme par le combustible utilisé, des agro-pellets, qui soulagent la biomasse forestière et offrent un pouvoir calorifique plus élevé. C’est aussi un symbole, puisqu’il s’agit du réseau du plus gros quartier d’affaires européen et qu’il offrira à terme aux communes voisines la possibilité de se raccorder. Reste à valider avec GENERIA que l’approvisionnement en agro-pellets soit bien organisé et que la qualité de l’air soit préservée.»

 

Chantal Derkenne – Chargée de mission à l’ADEME Ile-de-France

 

 

* Dispositif de soutien financier pour développer la production renouvelable de chaleur.
** GENERIA a demandé à l’ADEME et à la Région de financer son projet à hauteur de 4 millions €.

Les agro-pellets, un combustible porteur de nombreux bienfaits
Le choix des agro-pellets n’a donc pas été le fruit de la chance ou du hasard, mais un choix mûrement réfléchi, pour la planète comme pour l’avenir de la Défense.
En brûlant des agro-pellets plutôt que du fioul lourd ou du gaz, le futur réseau d’Enertherm passera de 36 % à 64 % d’énergies renouvelables et il émettra, dès 2022, 80 g de CO2 / KWh, contre 200 g aujourd’hui, soit 30 000 tonnes de CO2 en moins chaque année. Sans oublier les gains de CO2 liés au transport, puisque les agro-pellets pourront être acheminés jusqu’à La Défense en train, contrairement au fioul qui l’est aujourd’hui par camions, pour des raisons de sécurité. Les agro-pellets sont en effet aussi plus sûrs que le fioul lourd car ils brûlent mais n’explosent pas. Ils seront par ailleurs stockés dans une seule cuve au lieu de trois, ce qui diminuera aussi la zone de danger.
Sur le plan économique, la naissance d’une filière d’agro-pellets va créer une quarantaine d’emplois non délocalisables. Enertherm s’est engagé à faire venir ses agro-pellets de Normandie, des Hauts-de-France et d’Ile-de-France, dans un rayon de 150 km autour de La Défense. C’est là que les déchets agricoles seront collectés et les agro-pellets fabriqués sur place, dans une logique d’économie circulaire. Les agriculteurs et la filière agro-alimentaire pourront ainsi optimiser leurs déchets agricoles. Une fois consumés les agro-pellets retourneront à la terre sous forme de cendre.

Pour l’instant confidentielle, avec 20 000 tonnes d’agro-pellets par an, la filière a du potentiel puisque GENERIA à elle-seule devrait consommer jusqu’à 35 000 tonnes par an. Sans compter que d’autres acteurs s’y intéressent pour remplacer leurs pellets de bois nord-américains. Le développement de la filière agro-pellets pourrait ainsi créer une cinquantaine d’emplois en France.
L’enjeu est aujourd’hui de persuader les pouvoirs publics que cette solution est à la fois viable sur le plan énergétique, sûre pour les habitants et respectueuse pour l’environnement. Des tests grandeur nature ont été menés avec succès en Finlande.

Verbatim

« Le verdissement de notre réseau Enertherm est un projet ambitieux à plusieurs titres, par ses enjeux comme par les contraintes auxquelles il doit faire face. Ambitieux, parce qu’il a pour but d’assurer l’avenir du réseau de chauffage de La Défense et parce qu’il fait appel à une nouvelle source d’énergie renouvelable (ENR). Propre et vertueuse, elle va créer de la valeur pour la filière agricole comme pour l’industrie des granulés, puis retourner à la terre.

C’est ambitieux parce qu’il faut faire venir par voie ferroviaire à La Défense 35 000 tonnes d’agro-pellets par an, avec toute la logistique que cela implique et dans un foncier restreint et dense. Enfin, les exigences environnementales sont très fortes, notamment pour le traitement des fumées, afin de limiter le rejet de poussières, de particules fines, de soufre et de NOx dans l’atmosphère.»

 

Pierre Bourdarot – Directeur Délégués des Réseaux de chaud et de froid du Groupe IDEX, maison mère d’Enertherm

Quel budget ? Quel agenda ?
Un avenant n°10 au contrat de concession autorise Enertherm à tendre vers la solution des agro-pellets pour un montant estimé à 20 millions €, dont 6 millions € financés par GENERIA et 4 millions € demandés au Fonds chaleur de l’ADEME. 10 millions € resteraient à la charge d’Enertherm, moyennant un prolongement de sa concession jusqu’en 2032.

 

Calendrier du projet

 

  • 2018 – 2019 : études préalables
  • Décembre 2019 : tests et mesures en Finlande
  • Mars 2020 : dépôt de la demande d’autorisation d’exploitation à la Préfecture
  • Juin 2020 : réponse de la Préfecture
  • Septembre 2020 : enquête publique (en cas d’avis favorable uniquement)
  • 2021 : travaux (en cas d’avis favorable uniquement)
  • 2022 : raccordements et lancement de la nouvelle solution (en cas d’avis favorable uniquement)
2Une solution inédite pour demain